Par Colette KHALAF | 01/08/2011
« Stabat Mater », un hommage à la Vierge, polyphonique et réunificateur. Photo Farès Chébab
Festival de Beiteddine Un merveilleux hors temps sous la direction de Julien Jalaleddine Weiss à travers cet hommage chrétien et musulman à la Vierge, ce chant polyphonique où les deux grandes religions du Liban se sont répondu en écho reprenant les immortels textes sacrés de l’humanité.
Fallait-il applaudir ? Ovationner ? Se recueillir et méditer ? Ou simplement prier que ces moments sublimes ne s’achèvent pas ? Il n’y a réellement pas de mots pour décrire les instants intenses qu’a vécus le public samedi soir à Beiteddine. Plus qu’une performance , plus qu’un spectacle scénique, la création « Stabat Mater » de Julien Jalaleddine Weiss était un moment de pur authenticité livré en toute abnégation par des religieux de tous bords. Un laps d’éternité happé au temps terrestre et périssable. Comme un baptême purificateur et élévateur.
Certains aimeraient voir dans cet hommage islamo-chrétien, créé au festival des Musiques sacrées de Fès puis joué successivement au théâtre de la ville de Paris, au Sacred Music Festival of Upsala, au festival de Musique sacrée de Perpignan et à la Fondation Gulbenkian de Lisbonne, certains aimeraient y voir une tentative de prôner en ces temps tourmentés l’idée tant rabâchée d’une « coexistence pacifique » par cette figure maternelle apaisante de Mariam qui évoque l’héritage commun aux deux grandes religions monothéistes du Liban. Mais le musicien franco-suisse Julien Jalaleddine Weiss, qui a choisi pour terres d’adoption la Syrie (Alep) et la Turquie, préfère parler de convergence esthétique de langages musicaux savants de l’Orient et un possible dialogue entre « L’Echos » grec byzantin et le Maqam arabo-musulman, entre le bourdon ou le lisson et l’incantation soufie, le dhikr, qui l’a inspiré dans cette création. Car ce sont, selon Weiss, « deux types de basses continues chrétienne et musulmane qui produisent l’effet d’un mantra hypnotique et qui prennent leur source dans une commune cosmogonie “Au début était le Verbe” ».
Fallait-il applaudir ? Ovationner ? Se recueillir et méditer ? Ou simplement prier que ces moments sublimes ne s’achèvent pas ? Il n’y a réellement pas de mots pour décrire les instants intenses qu’a vécus le public samedi soir à Beiteddine. Plus qu’une performance , plus qu’un spectacle scénique, la création « Stabat Mater » de Julien Jalaleddine Weiss était un moment de pur authenticité livré en toute abnégation par des religieux de tous bords. Un laps d’éternité happé au temps terrestre et périssable. Comme un baptême purificateur et élévateur.
Certains aimeraient voir dans cet hommage islamo-chrétien, créé au festival des Musiques sacrées de Fès puis joué successivement au théâtre de la ville de Paris, au Sacred Music Festival of Upsala, au festival de Musique sacrée de Perpignan et à la Fondation Gulbenkian de Lisbonne, certains aimeraient y voir une tentative de prôner en ces temps tourmentés l’idée tant rabâchée d’une « coexistence pacifique » par cette figure maternelle apaisante de Mariam qui évoque l’héritage commun aux deux grandes religions monothéistes du Liban. Mais le musicien franco-suisse Julien Jalaleddine Weiss, qui a choisi pour terres d’adoption la Syrie (Alep) et la Turquie, préfère parler de convergence esthétique de langages musicaux savants de l’Orient et un possible dialogue entre « L’Echos » grec byzantin et le Maqam arabo-musulman, entre le bourdon ou le lisson et l’incantation soufie, le dhikr, qui l’a inspiré dans cette création. Car ce sont, selon Weiss, « deux types de basses continues chrétienne et musulmane qui produisent l’effet d’un mantra hypnotique et qui prennent leur source dans une commune cosmogonie “Au début était le Verbe” ».
Ce spécialiste des grandes musiques traditionnelles de l’islam mystique qui, depuis sa découverte émerveillée de la musique savante arabe en 1976, a consacré tout son travail à explorer l’immense richesse de ce legs musical pour le purifier en lui « redonnant son éclat originel », dira Salah Stétié, a supprimé tout instrument européen, réduisant les instruments purement arabes, le oud, le qanoun, le ney et le riqq, à un rôle de figuration, puis progressivement a introduit des instruments d’autres traditions d’Orient comme le « djoza » irakien, le « tar » d’Azerbaïdjan, le « yayli tanbur », le « rebab » et le « kementche » turc ottoman, le tabla indien et le zerb iranien. Il a par ailleurs remis en valeur les formes improvisées, le taqsim et la qacida, et réduit les chants répétitifs. Il a aussi développé dans la musique profane et sacrée le principe de l’Ostinato : la basse continue, en utilisant des cycles rythmiques beaucoup plus complexes.
Autour de l’ensemble al-Kindi qu’il a lui-même fondé, se sont installés le chanteur soliste Bekir Buyukbas, muezzin/Hafiz d’Istanbul, le chœur byzantin Tropos d’Athènes ainsi que les soufis Qaderi et Rifai d’Alep dont le chanteur soliste cheikh Ahmad Haboush.
Les chants byzantins de louanges à la Sainte Vierge, la sourate du Coran, les « anashids » dédiés à Mariam, le « Bashraf » du prince moldave et chrétien du XVIIe siècle et le « Spiritual Journey » composé par J.J.W. s’enchaîneront, s’enchevêtreront, se superposeront pour atteindre une sorte de « nirvana hypnotique » harmonieux sous-tendu par ce haletant « laillahillallah ». Dans cette magnifique « rencontre avec les anges » où toutes les voix et les polyphonies du monde se rejoignent, les derviches tourneurs qui ont accompagné les tableaux musicaux, main levée vers le Créateur et l’autre inclinée pour transmettre la « Parole », tourneront dans un vertige extatique jusqu’à ce que les corps ne soient plus qu’une forme diaphane et transparente. Béni soit ce moment de grâce.
Autour de l’ensemble al-Kindi qu’il a lui-même fondé, se sont installés le chanteur soliste Bekir Buyukbas, muezzin/Hafiz d’Istanbul, le chœur byzantin Tropos d’Athènes ainsi que les soufis Qaderi et Rifai d’Alep dont le chanteur soliste cheikh Ahmad Haboush.
Les chants byzantins de louanges à la Sainte Vierge, la sourate du Coran, les « anashids » dédiés à Mariam, le « Bashraf » du prince moldave et chrétien du XVIIe siècle et le « Spiritual Journey » composé par J.J.W. s’enchaîneront, s’enchevêtreront, se superposeront pour atteindre une sorte de « nirvana hypnotique » harmonieux sous-tendu par ce haletant « laillahillallah ». Dans cette magnifique « rencontre avec les anges » où toutes les voix et les polyphonies du monde se rejoignent, les derviches tourneurs qui ont accompagné les tableaux musicaux, main levée vers le Créateur et l’autre inclinée pour transmettre la « Parole », tourneront dans un vertige extatique jusqu’à ce que les corps ne soient plus qu’une forme diaphane et transparente. Béni soit ce moment de grâce.